Punkt und Linie

Philologue et professeur d’université juif allemand né en 1881, Victor Klemperer est notamment l’auteur de Lingua Tertii Imperii, une analyse de la distorsion infligée à la langue allemande par le nazisme à des fins de propagande. Condamné à vivre reclus, Victor Klemperer doit sa survie à une petite falsification.

Dans la nuit du 13 au 14 février 1945, il réussit à fuir la ville de Dresde, échappant de peu à son bombardement. Il arrache son étoile jaune et monte dans un train, dans l’espoir de trouver refuge à la campagne. ll était à l’époque impossible d’éviter la Gestapo, et les contrôles d’identité pouvaient survenir à tout moment. Or le nom de Klemperer est un nom juif très répandu. Le révéler le mettrait immédiatement en danger. Quant à prétendre qu’il avait perdu tous ses papiers, cela l’aurait rendu suspect et lui ferait encourir les mêmes risques. Il se souvient alors d’une ordonnance sur laquelle son nom, griffonné par un médecin, avait été modifié en deux points facile à changer.

« Il suffisait d’un point pour faire du m un in et un trait d’un millimètre transformait le premier r en t. C’est ainsi que Klemperer devint : Kleinpeter. »

Kleinpeter (“Petit Pierre”), un nom allemand au-dessus de tout soupçon. Un point et une ligne tracés sur ses papiers d’identité allaient permettre à Victor Klemperer de passer au travers des formalités administratives de la Gestapo et d’avoir la vie sauve.

La reproduction obsessionnelle de ce geste est à l’origine de Punkt und Linie, un ensemble de pièces multiples et variées autour du point et de la ligne.

« … je peux bien parler aussi d’une petite falsification de documents qui me concerne personnellement et a contribué à me sauver la vie. […] Il suffisait d’un point pour faire du m un in et un trait d’un millimètre transformait le premier r en t. C’est ainsi que Klemperer devient : Kleinpeter. »

Victor Klemperer
LTI

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